F.P.S.O.
2014-2017
La performance
En conclusion du projet F.P.S.O., une performance poétique a été réalisée avec la sculpture tissée. L'événement s'est déroulé devant la trentaine de spectateurs de la 1ère édition du Cabaret contemporain Le Cran, le 15 décembre 2017 à Gaspé.
Le texte, accompagné des didascalies, est disponible sous les photographies ci-jointes, prises par Roger St-Laurent.




Coup de crécelles, position stationnaire près du support d’esquif.
Dans ma main, je porte une chaudière de métal peinte dorée dans laquelle se trouvent :
des fusains, une machette, un coupe-fil, un porte-poussière.
Je dépose au sol la chaudière au centre parmi les spectateurs.
Je sors tout le contenu de la chaudière, puis je la renverse à l’envers.
Je me place à côté de l’esquif.
Itératif et symétrique
Un mythe
Comme un tissage
La trame d’une épreuve ou d’une épave
À porter sur son flan, sur sa côte,
Celle du nord où sur ma cuisse horizontale
Longe l’aplat d’un grand étang
Brins d’algue, de cuir, de terre.
Poignée par poignée
Minéral-animal
Gras et grand
Petits coups de crécelles rythme métier, toujours en position stationnaire.
Je dépose la crécelle au sol, près du support de bois de l’esquif.
Je rampe sous l’esquif, tente de me lever
et ainsi se soulève sur mon dos le grand tissage.
Torsions et déambulation vers le centre de la salle, parmi les spectateurs.
Positions possibles pour porter la chose :
Mettre un des coins sur la tête, le plier avec mes deux bras étirés à leur maximum...
Maladresses certaines.
Je m’immobilise au centre, tentant de tenir le tout qui craque en équilibre.
Je monte debout sur la chaudière, portant toujours l’esquif sur ma tête.
Je récite en regardant vers le toit…
Loin
Seule des grands bouts
Un projet
Sans queue ni bourse
Passer 200 fils entre les 2 L de juillet
Encore 500 de plus entre les 2 L de folle
Escargot en transit
Entre l’urgence de la béchamel
Le verbe devoir au conditionnel passé
Et les champions du mardi
Au passage
Tant qu’à faire
Démasquer 2-3 princesses undercover
Me mirer dans l’émail de leurs dents blanches
Qu’elles ont si belles à 18 ans
Puis, ramasser les cotes R en lambeaux
Laisser tomber le ballot d’esquif au sol.
J’enlève mes souliers à talons hauts.
Je prends au sol le coupe-fil rouge que je passe dans
deux doigts de ma main gauche et une machette rouge dans ma main droite,
je coupe tout ce qui est possible.
Reprends mon souffle un peu, pause.
Transition physique, sourire, satisfaite, encore à définir…
passer au calme, constatant la matière au sol.
Je m’assoie doucement sur la chaudière encore à l’envers.
Entre nos reliefs complémentaires et incongrus
Ma course comme soleil qui voudrait t’impressionner
Toi, deux petits miroirs qui me guident
Dans la pénombre de ce rêve liquide
Mes omoplates en boucliers
En chaine
Fuseaux noirs
En trame
Poudre d’Espelette
Juste assez pour se piquer
Dormir 100 ans des rêves du pays basque
Je dépose mes outils dans la chaudière, ce qui fait un bruit avec le métal.
Je ramasse les fusains et quelques fibres au sol.
Me relevant, je m’adresse directement à quelques membres du public…
Cabaret de la dernière secousse
Seras-tu mon oubli ou ma lubie?
Métier
Mon corps s’est invité en ton centre
L’esquif a inversé ses prismes pour les cracher sur ton facteur vie
Craquement sur la nuit
Filet dégorgé ayant joui de tous et de tout
Une dernière fois
Qu’il infiltre les alvéoles de ma cage
Que dans mes sinus se trace bien son sillage
Je marque deux axes noirs
le long de mon nez avec le fusain.
Pour être moi aussi du grand carnage anthropocène
- Fin -
Remerciements à toutes les personnes et les organisations participantes lors de la construction de la sculpture, Andrée-Anne Giasson et toute l’organisation du Cabaret contemporain Le Cran.